ORTIE
Urtica dioica L.
Essence: Agression, volonté, dépassement de soi, purification du sang; fer
Essence et signature
Signature
L’action fortement urticante de l’ortie nous surprend quelquefois à l’occasion de promenades ou de travaux au jardin. Une plante qui brûle représente un phénomène inhabituel, de ce point de vue également, l’ortie constitue une exception. Les poils urticants, dont l’extrémité en forme d’ampoule tombe au moindre frôlement, constituent le signe distinctif de ce végétal que l’on ressent parfois douloureusement. C’est alors que la pointe en silice acérée qui se plante comme une aiguille dans l’épiderme introduit le poison dans la peau égratignée, provoquant ainsi la survenue de brûlures, de démangeaisons, de pustules et de papules. Le poison se compose de substances que l’on trouve par ailleurs majoritairement dans le règne animal (acétylcholine, sérotonine, acide formique). Les orties colonisent les sols trop acides, excessivement fertilisés à l’azote, c’est pour cette raison qu’on les rencontre fré-quemment autour des refuges de montagne, à l’orée des bois et près des décharges. Elles exercent une fonction essentielle pour ces sols en leur retirant l’azote surnuméraire et en rétablissant de ce fait leur équilibre biologique.
L’azote du sol assimilé est transformé en composés protéiques à l’intérieur de la plante. Sa teneur élevée en protéines fait de l’ortie une plante fourragère attrayante pour les chenilles et autres insectes. Les chenilles de bon nombre de papillons multicolores (paon du jour, petite tortue, vulcain) dépendent de cette plante. Les orties sont parfois envahies de manière si importante par les chenilles qu’elles sont dévorées par ces dernières jusqu’à la tige.
Le processus de décomposition et de putréfaction de l’ortie, qui intervient rapidement dès qu’on l’introduit dans de l’eau afin de préparer un purin, constitue une autre conséquence de sa richesse en protéines. Le purin d’ortie est un fertilisant liquide efficace, très populaire dans l’horticulture biologique. Durant les journées chaudes et ensoleillées de l’été, une population dense d’orties est capable de développer un arôme fort, âpre et corsé auquel il est difficile de nier une certaine proximité avec une odeur animale.
Aucune autre plante ne possède un lien aussi fort avec le fer. L’ortie a une forte affinité pour ce métal, elle équilibre donc par ce biais les sols dont la teneur en fer est trop élevée. Les dépotoirs et les décharges contenant de la ferraille constituent de ce fait d’autres emplacements de prédilection de l’ortie. Tandis qu’une teneur élevée en fer n’existe que chez quelques rares plantes dans la mesure où le fer n’exerce pas de fonction biochimique spécifique chez elles, le fer remplit en revanche une fonction essentielle aussi bien chez les animaux que chez les humains. En tant qu’atome central de l’hème dans l’hémoglobine, le fer permet la fixation de l’oxygène dans le sang pour qu’il puisse être transporté à son lieu de destination dans les cellules. C’est ainsi que le fer est responsable d’une des
tâches les plus essentielles du sang, le transport de l’oxygène. Le fer peut donc être qualifié d’intervenant central de la fonction respiratoire et il constitue le fondement de la combustion des substances nutritives.
Pour compenser en quelque sorte cette teneur en fer inhabituellement élevée dans le règne végétal, l’ortie possède une teneur élevée en chlorophylle. La chlorophylle, le pigment vert des végétaux, constitue le pendant chimique, optique et fonctionnel de l’hème. La structure chimique de la chlorophylle est quasiment identique à celle de l’hème à l’exception près que l’hème possède un ion de fer en tant qu’atome central tandis que celui de la chlorophylle est constitué par un ion de magnésium. Il faut en outre mentionner que les deux couleurs verte et rouge ont un comportement opposé. Ce sont des couleurs complémentaires. La fonction de la chlorophylle consiste dans l’assimilation de l’énergie de la lumière et sa transformation en énergie chimique nécessaire à la synthèse du glucose à partir de l’eau et du dioxyde de carbone et à la libération de l’oxygène. Le glucose constitue la substance de base de la synthèse de toutes les autres liaisons organiques riches en énergie.
La chlorophylle représente donc la condition indispensable de l’absorption de l’énergie solaire, de son stockage dans la biomasse et de la libération d’oxygène. À l’opposé, l’hémoglobine permet l’assimilation de l’oxygène en tant que condition préalable à la combustion de substances nutritives (biomasse) qui produit du dioxyde de carbone et de l’eau en libérant l’énergie stockée. L’énergie est utilisée pour la force musculaire ou les innombrables réactions physiologiques en produisant essentiellement de la chaleur. On peut donc affirmer que le fer se situe au début d’une longue chaîne de réactions qui procure la chaleur à notre sang. L’apparence de la feuille ne manifeste pas de traits frappants. Les feuilles sont fortement dentées, pétiolées, opposées en forme de croix et ordonnées autour de la tige quadrangulaire de manière très régulière et rythmique. De nombreux autres végétaux, par exemple ceux du genre des lamiers, possèdent des feuilles similaires bien qu’ils appartiennent à une tout autre famille.
Ce sont ses fleurs qui procurent à l’ortie son apparence unique. Les fleurs mâles et femelles qui poussent séparément sur des pieds différents sont incolores et très petites, mais leur grand nombre caractérise l’aspect de l’ortie de l’été à l’automne. Ressemblant à de minuscules saucisses ou chenilles minces et claires, elles s’écartent des tiges, procurant ainsi à la floraison un caractère animalier.
Nous identifions donc dans l’ortie certains traits de caractère particuliers, atypiques des végétaux, que nous ne rencontrons par ailleurs que dans le règne animal. Cela signifie que ce sont avant tout les éléments de son essence qui différencient le règne animal du règne végétal qui sautent aux yeux, c’est-à‑dire l’énergie intérieure, le dynamisme qui aspire au mouvement et au changement dans le sens le plus large. Si on se réfère à l’être humain, il s’agit de la volonté et de la faculté de s’imposer.
Essence
La plupart du temps, l’agression est associée à une activité négative et destructrice. Mais au sens premier et positif du terme, l’agression élimine les obstacles afin qu’une nouvelle activité puisse se développer (lat. aggredi, s’attaquer à quelque chose, prendre quelque chose en main). L’agression fait disparaître ce qui est vieux, usé, sans force, ce qui n’a plus raison d’être, et elle fait de la place pour le neuf. L’agression et l’activité créatrice sont inséparables.
Pour son développement et sa liberté personnels, il est important de développer en soi une forme d’agression positive, qui s’empare de l’essence et prend la forme du dépassement de soi et de la volonté, permettant de reprendre les rênes de sa vie et ne pas se laisser dominer par ses pulsions. Si toutefois, il nous manque la volonté, qui tient la bride, on risque alors de ne pas parvenir à se débarrasser des tendances et liaisons handicapantes, ce qui conduit à l’accumulation de «scories» psychiques et physiques.
Au niveau physique, on voit s’accumuler dans le sang des scories (produits de décomposition contenant de l’azote, acide urique) dues à une mauvaise alimentation (abondante, riche en protéines), qui à leur tour débouchent sur une limitation de la liberté de mouvement (troubles rhumatismaux et de type goutteux). Dans ce genre de contexte, l’ortie est bénéfique de par son agression, en ceci qu’elle crée la possibilité de briser dynamiquement les structures psychiques et physiques figées. Grâce à sa teneur en fer, elle possède une relation spécifique avec le sang. L’ortie est l’agression transposée dans le sang, qui libère l’organisme des substances vieilles et inutiles. Aucune autre plante n’incarne aussi bien que l’ortie la notion de «purification du sang».
L’ortie est un excellent remède de base pour le traitement des allergies. Les allergies sont des réactions immunitaires excessives à des substances en soi inoffensives. Elles sont l’expression d’une défense dirigée contre un prétendu adversaire, le signe d’une agression mal dirigée. L’essence de l’ortie a le pouvoir de ramener la défense à des propositions adéquates.
Botanique
Qui ne connaît pas l’ortie(Urtica dioica L.)? Elle peut mesurer jusqu’à 2,50 m et se rencontre volontiers dans les endroits chargés d’azote, comme les rives, les fossés, les chemins et les terres cultivées. Ses tiges portent des feuilles croisées et opposées, pointues et au bord grossièrement denté. Les tiges et les feuilles de la plante sont couvertes de poils urticants qui ont la forme d’une canule et injectent leur sève brûlante dans la peau de celui qui touche la plante sans faire attention. L’ortie sait se défendre ! Avec ses stolons souterrains, elle aime conquérir l’espace autour d’elle, de sorte qu’elle s’étend toujours plus loin si les conditions du lieu lui conviennent. Les plantes commencent à fleurir vers le mois de juillet. Il existe des orties femelles et des orties mâles, mais les deux sexes sont souvent difficiles à distinguer pour les non-initiés en raison de leurs petites fleurs, qui sont surtout discrètes. En observant de plus près les fleurs mâles, on peut observer quelque chose de passionnant. Leurs étamines sont littéralement tendues dans la fleur, comme dans une catapulte. Lorsque le pollen arrive à maturité, cette tension augmente de plus en plus, surtout par temps chaud et sec, jusqu’à ce qu’elle se transforme en une explosion de poussières sur les fleurs mâles. Si l’on prend le temps de regarder les plantes mâles, on peut voir s’échapper de petits nuages de pollen qui voyagent avec le vent.
Utilisation
L’ortie est l’une des plantes médicinales utilisées depuis longtemps en phytothérapie. Elle était déjà connue à l’époque d’Hippocrate et est également recommandée par Sainte Hildegarde et Paracelse. En phytothérapie, l’irrigation est l’un des principaux domaines d’application en cas de maladies inflammatoires des voies urinaires. L’effet d’élimination de l’ortie par les reins peut également être utilisé pour prévenir la formation de calculs rénaux. Une autre utilisation traditionnelle est le traitement d’appoint des douleurs rhumatismales et des douleurs articulaires légères qui, d’un point de vue naturopathique, peuvent généralement être attribuées à la présence d’une diathèse acide urique. Les préparations à base d’ortie sont également traditionnellement utilisées pour traiter les maladies de peau séborrhéiques. Il n’est pas non plus surprenant qu’au moins l’Urtica urens , proche de l’Urtica dioica L., soit utilisée selon le principe homéopathique classique “Similia similibus curentur” pour traiter les maladies de peau de type urticaire, mais aussi les maladies rénales et la goutte. Une utilisation importante d’Urtica dioica L. en médecine populaire est la purification et la fortification du sang.
Ingrédients
D’un vert vif, l’ortie, Urtica dioica L., est riche en chlorophylle, en caroténoïdes et en vitamines (C, B, K1). Dans le groupe des minéraux, elle contient surtout du calcium, du potassium et de la silice. Outre l’acide formique, on trouve en outre dans la zone des poils urticants des amines telles que l’histamine, la sérotonine et la choline.
Références
- BGA/BfArM (Commission E). Monographie : Urticae herba (herbe d’ortie) ; Urticae folium (feuilles d’ortie). Bundesanzeiger 76, (1987).
- Wichtl, M. et al. Drogues du thé et phytopharmaceutiques. (Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft GmbH, Stuttgart, Allemagne, 1997).
- Madaus, G. MADAUS LEHRBUCH DER BIOLOGISCHEN HEILMITTEL BAND 1-11. (mediamed Verlag, Ravensburg, 1990).
- Comité sur les produits médicinaux à base de plantes (HMPC). Monographie herbale communautaire sur Urtica dioica L. et Urtica urens L., herbe. EMEA/ HMPC/170261/2006 (2008).
- BGA/BfArM (Commission D). Urtica dioica (plante à fleurs). Bundesanzeiger 199a, (1989).
- Kalbermatten, R. & Kalbermatten, H. Teintures mères végétales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2014).
- Kalbermatten, R. Essence et signature des plantes médicinales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2016).
Images : Ceres Heilmittel AG, Kesswil


