SUREAU

Sambucus nigra L.

Essence : Maturation, achèvement des processus calorifiques, passage à l’âge adulte, responsabilité, protection

Essence et signature

Signature

Le sureau est un des premiers arbustes de nos forêts à se réveiller au printemps. Ses jeunes pousses jaillissent alors verticalement du tronc et des branches pour atteindre une taille considérable en relativement peu de temps. Leur croissance est si exubérante que la formation de l’écorce ne parvient pas à suivre le rythme ; dans un premier temps, les jeunes pousses ne sont donc protégées que de manière sommaire par une fine peau d’écorce verte dont la structure ressemble à celle d’une feuille. L’odeur de cette jeune vie, d’une croissance impétueuse, tout comme celle des feuilles, paraît étrangement roussie, inachevée. Elle rappelle celle d’un feu qui se consume, qui manquerait d’aération, d’oxygène.

Un an plus tard, le jeune bois s’est raffermi à l’extérieur, l’écorce s’est formée, les branches commencent maintenant à pencher légèrement en direction du sol. Si nous examinons l’intérieur des jeunes rameaux en éliminant les couches de bois successives à l’aide d’un couteau nous découvrons à l’intérieur la moelle, légère, spongieuse et poreuse. La comparaison avec le polystyrène s’impose aussitôt. La moelle du sureau se révèle donc abondamment aérée. Cette circonstance n’est-elle pas étrange ? La moelle contient des poches d’air tandis que l’odeur des feuilles et des jeunes rameaux rappelle un processus de combustion auquel un apport d’air ferait défaut. Au cours de leur croissance ultérieure, les branches penchent toujours davantage en direction du sol. Les arbustes plus âgés portent de ce fait parfois des branches en forme de jolies arcades prononcées. Du sommet de telles arcades s’élèvent encore et toujours de plus jeunes rameaux qui adopteront eux aussi ultérieurement la forme d’arcades de sorte que, bien souvent, plusieurs branches en forme d’arcades sont superposées. C’est ainsi que l’essence du sureau exprime son énergie vitale viride, impétueuse, rattrapée par la pesanteur, qui renaît cependant sans cesse avec l’objectif de s’ériger avant d’être de nouveau attirée en direction du sol. L’écorce d’un vieux sureau mûr semble usée, vieillie prématurément. Il est difficile d’imaginer plus grand contraste entre la peau verte d’un jeune rameau et l’écorce déchirée, grise de son vieux tronc. Mais le sureau n’est pas malade, de nouvelles pousses jaillissent encore et toujours, il donne simplement l’impression d’être très vieux.

Au printemps, le sureau donne naissance à une riche splendeur de fleurs. Les corymbes blancs (il s’agit de pseudo-ombelles) adoptent parfois une forme légèrement concave, ils ressemblent à des paraboles dirigées vers le haut, prêtes à recevoir, ce qui est tout à fait inhabituel chez les corymbes. Les petites inflorescences isolées ressemblent à de petites étoiles blanches étincelantes qui entourent les anthères jaune-or pleines à déborder. On ne trouve guère d’autres plantes qui produisent d’aussi grandes quantités de pollen. Si on met par exemple les fleurs de sureau à sécher sur un tissu ou un papier blanc, ce dernier sera parsemé d’une couche de pollen jaune qui rappelle l’ardeur du soufre en poudre. Le parfum des fleurs mystérieusement sucré est capable de transporter notre âme dans d’autres univers. Je conseille à celui qui aspire à sonder la profondeur de l’odeur du sureau d’y procéder dans la soirée, au terme d’une belle journée d’été. C’est alors que le parfum révèle toute son intensité. En automne, les fruits pendent lourdement de l’arbuste. Leur couleur est noire, leur goût à la fois acidulé et âpre.

Que tout cela signifie-t‑il ? Le sujet principal qui parcourt la signature du sureau tel un fil blanc est celui de l’énergie vitale qui se met au service du processus de la maturation spirituelle, du processus calorifère. Grandir, assumer ses responsabilités et avant tout accéder à la maturité spirituelle fait partie de l’ordre naturel des choses de la vie ; or, out cela n’est possible que dans la mesure où l’énergie vitale a la possibilité d’évoluer, qu’elle n’est donc pas constamment vécue dans la pleine exubérance de la jeunesse. Ce processus aboutit nécessairement à une diminution de la vitalité juvénile, à un vieillissement et à une maturité à tous égards.

Ce processus de développement spirituel nécessite encore et toujours une orientation nouvelle, l’abandon de certains concepts et objectifs. Car tout développement sur une voie définie, aussi bon soit-il au début, perd de son énergie et devient négatif au bout d’un certain temps, il se met à pencher en direction du sol. C’est pour cette raison que l’ancienne voie doit être abandonnée lorsqu’elle atteint le sommet de son développement et qu’il faut alors emprunter une nouvelle voie. Seule cette démarche saurait être qualifiée de véritable progrès mental. C’est ce que le sureau nous démontre d’une manière tout à fait impressionnante.

Le conte de fées Dame Holle des frères Grimm nous offre une image exhaustive de l’essence du sureau (Holunder en allemand, également nommé Holler dans les régions du sud). Après avoir atteint une plus grande profondeur en traversant le puits (niveau de la transformation spirituelle), les personnages principaux doivent dans un premier temps parachever un processus de maturation (sortir les petits pains cuits du four, cueillir les pommes mûres). Par la suite, ils sont obligés de mettre leur énergie vitale au service de Dame Holle afin que leur esprit recouvre sa lucidité (symbolisée par la neige au sol). Toute personne qui accomplit cette mission de la vie avec générosité et abnégation sera récompensée d’une pluie d’or spirituelle, celle qui l’accomplit avec réticence et en vue d’une récompense sera en revanche recouverte de poix collante, destin inextricable dont elle ne parviendra plus jamais à se défaire. Le sureau fait partie des grandes plantes renfermant le plus de mystères. Il constitue le symbole extérieur du développement spirituel véritable. Dans différentes écoles d’initiation, cette plante représentait de ce fait le symbole essentiel de la voie vers l’objectif majeur que l’être humain est en mesure d’atteindre.

Essence

Le sureau est l’essence protectrice des activités d’élévation et de perfectionnement de la nature et de l’être humain. L’élément essentiel offert à l’être humain pour lui permettre d’évoluer et de passer à un niveau supérieur aux plans culturel et spirituel est le feu. Tout processus d’amélioration est en fin de compte un processus calorifique et de prise de conscience. C’est pourquoi il est nécessaire d’employer l’élément feu dans de bonnes proportions en dosant et en réglant correctement l’élément aérien. L’essence du sureau représente la force qui rend possible la bonne utilisation, le bon maniement de l’air (du souffle) et du feu. Il s’agit du principe spirituel permettant l’effet thermique adéquat afin que les activités humaines – aussi bien les activités de prise de conscience extérieures qu’intérieures – puissent aboutir à leur parfait achèvement. La force du sureau pousse l’être humain vers ce qu’il doit devenir, vers son perfectionnement, vers son évolution psychique et spirituelle qui le conduit à un niveau supérieur. Le sureau laisse les choses mûrir et permet de les récolter au bon moment, il permet de passer au niveau supérieur sans brûler d’étape.

Le sureau est un portrait de la mission de vie de l’être humain. Ses branches poussent droit vers le ciel pour se replier au bout d’un certain temps vers la terre. Il n’oublie pas ses racines, son origine, il se penche sur tous ceux qui cheminent à ses côtés. A l’apogée de sa floraison, il s’ouvre vers le haut d’un geste accueillant. Le sureau s’offre par exemple à ceux qui n’ont pas encore conscience de leur mission ou qui ont une notion étriquée de leur existence, qui se cramponnent à leur idée du monde. Ils jugent leur entourage selon leur système de valeurs et ne se laissent pas facilement détourner de leur jugement. Il leur manque ce geste d’ouverture vers le haut, l’ouverture à une connaissance supérieure et aux interactions globales. Cela peut être à l’origine de maladies des voies respiratoires, car le souffle est le symbole du lien spirituel avec le monde et l’humanité. Les être humains restent en lien intime les uns avec les autres par le souffle: «Nous nous assimilons mutuellement par la respiration.» Si nous n’acceptons pas cela, nous ne sommes plus liés dans l’action universelle. Il manque à une personne obstinée la faculté de laisser mûrir un événement, de laisser un processus se faire. Cette personne tire des conclusions prématurées et s’y agrippe, elle s’échauffe trop en faveur ou à l’encontre des choses, les processus de formation s’immobilisent. Le cours de la vie humaine tout entier est un processus de maturation. Chaque jour, chaque heure, il se produit au sein de l’être humain des processus physiques et psychiques, des cycles plus ou moins longs, qui ont un début, une apogée, et une fin.

Ces processus dépendent de leur propre déroulement dans le temps, ils obéissent à leurs propres lois. La personne mûre le sait et n’intervient pas, elle s’abandonne à son guide intérieur. Cependant, les personnes trop zélées et trop émotionnelles interviennent partout, chez elles et chez les autres, bloquent des processus, voire les interrompent. Cela a pour effet de les rendre malades, d’affaiblir leurs défenses. Grâce à son principe de maturité, le sureau peut intervenir de manière bénéfique et permettre de continuer à avancer. On retrouve alors le processus de maturation, le passage à l’âge adulte, la prise de responsabilités. Le sureau favorise l’achèvement des procédés de maturation psychiques et physiques et possède une relation forte avec les organes aérés (voies respiratoires et sinus). Il est employé pour des processus calorifiques bloqués – et ne parvenant pas à l’achèvement – lorsque, par exemple, une inflammation met du temps à guérir ou tend à la chronification. Des inflammations et un encombrement tenace des voies respiratoires, les sinusites chroniques et la toux du fumeur réagissent bien au sureau.

Botanique

Le sureau noir(Sambucus nigra L.) est un arbre ou un arbuste très ramifié. Il est répandu dans toute l’Europe et colonise les forêts humides ainsi que les lisières de forêts et de chemins. Il peut atteindre 10 m de haut et préfère les endroits riches en nutriments. Ses jeunes branches sont vertes et couvertes de nombreux points gris verruqueux qui servent aux échanges gazeux. Les jeunes pousses poussent d’abord rapidement vers le haut et peuvent ainsi atteindre plus d’un mètre de hauteur la première année. L’écorce des branches plus âgées est en revanche très différente, elle est gris-brun et se fissure profondément. L’intérieur des branches est rempli d’une moelle blanche et aérée. Les feuilles vertes imparipennées, qui peuvent mesurer jusqu’à 30 cm de long, se trouvent sur les branches. Les feuilles et l’écorce dégagent une odeur désagréable lorsqu’on les frotte. À partir de juin, les fleurs blanc jaunâtre du sureau se forment et se rassemblent en inflorescences en forme de parapluie. Les fleurs dégagent un parfum intensément sucré et sécrètent une grande quantité de pollen jaunâtre qui laisse une sensation veloutée sur la peau. Après la fécondation, les baies noires mûrissent jusqu’à l’automne.

Utilisation

Le sureau est un pilier solide de la médecine traditionnelle européenne. La tradition médicinale remonte à Hippocrate et Paracelse. L’une des propriétés les plus connues des fleurs de sureau est leur effet diaphorétique (qui fait transpirer). Son utilisation comme remède sudorifique, diurétique et sécrétoire bronchique en cas de rhume a fait ses preuves en phytothérapie. Le sureau est également utilisé avec succès en homéopathie pour traiter les inflammations des voies respiratoires. Ainsi, les rhumes, les affections légèrement fébriles, les maladies des organes respiratoires, les laryngites, les bronchites, la toux et le rhume font partie des domaines d’application typiques du sureau.

Ingrédients

Les composants typiques du sureau, Sambucus nigra L., sont l’huile essentielle et les flavonoïdes. Parmi les autres composants, on trouve des stérols et des triterpènes, des acides phénoliques comme l’acide chlorogénique, des mucilages et des tanins. Les fruits, en particulier, contiennent également diverses vitamines. On peut trouver des traces de glycosides cyanogènes potentiellement toxiques, comme la sambunigrine, mais ils se décomposent à la cuisson.

Références

  • Hänsel, R. & Steinegger, E. Hänsel / Sticher Pharmacognosie Phytopharmazie. (Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft GmbH, Stuttgart, Allemagne, 2015).
  • Wichtl, M. et al. Drogues du thé et phytopharmaceutiques. (Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft GmbH, Stuttgart, Allemagne, 1997).
  • Hänsel, R., Keller, K., Rimpler, H. & Schneider, G. Hagers Handbuch der Pharmazeutischen Praxis Volume 5 Drogen P-Z. (Springer Verlag Berlin Heidelberg, 1994).
  • 4. Madaus, G. MADAUS LEHRBUCH DER BIOLOGISCHEN HEILMITTEL BAND 1-11. (mediamed Verlag, Ravensburg, 1990).
  • Comité sur les produits médicinaux à base de plantes (HMPC). Rapport d’évaluation sur Sambucus nigra L ., flos. EMA/HMPC/611504/2016 (2018).
  • BGA/BfArM (Commission E). Sambuci flos (fleurs de sureau). Bundesanzeiger 50, (1986).
  • BGA/BfArM (Commission D). Sambucus nigra (plante à fleurs). Bundesanzeiger 54a, (1989).
  • Kalbermatten, R. & Kalbermatten, H. Teintures mères végétales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2014).
  • Kalbermatten, R. Essence et signature des plantes médicinales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2016).

Images : Ceres Heilmittel AG, Kesswil