GENTIANE JAUNE

Gentiana lutea L.

Essence: Surpassement, digestion, division

Essence et signature

Signature

Lorsque nous entendons le terme gentiane, nous pensons en règle générale à ces belles fleurs d’un bleu profond qui ornent les pâturages de nos Alpes sous la forme de clochettes. La gentiane bleue représente très certainement la quintessence de la fleur montagnarde. La plante médicinale gentiane est en revanche d’un tout autre genre. Comme son nom l’indique déjà, ses fleurs sont jaunes, de plus, sa taille pouvant s’élever jusqu’à un mètre vingt fait d’elle une plante tout à fait imposante. Pouvant atteindre une longueur de trente centimètres pour une largeur de quinze, les feuilles de la gentiane jaune sont fortement nervurées. Elles ressemblent à celles du très toxique vératre blanc (Veratrum album) et peuvent de ce fait conduire à des confusions extrêmement dangereuses. Les feuilles opposées de la gentiane permettent néanmoins de la distinguer facilement du vératre blanc, dont les feuilles sont alternées. Au début, les feuilles supérieures sessiles et embrassantes de la gentiane jaune sont bombées comme des demi-coques. Ces dernières entourent la tige et dissimulent les boutons floraux à l’intérieur. Dès que les feuilles s’ouvrent pour adopter la position horizontale, elles libèrent un grand nombre de fleurs. Celles-ci possèdent une apparence totalement atypique du genre des gentianes.

Les pétales des autres gentianes sont soudés entre eux de la base jusqu’au-delà de la moitié de la corolle en forme de cloche, ­ d’entonnoir ou de trompette. Les sépales de la gentiane jaune en revanche sont divisés presque jusqu’à la base. De plus, ils sont étroits et longs de sorte qu’ils occupent le devant de la scène en tant qu’éléments isolés, séparés, tant ils ressemblent en pleine floraison à des étoiles à cinq ou six branches, à la différence des fleurs caractéristiques des autres gentianes. Dans la mesure où l’inflorescence de la gentiane jaune se compose en outre d’innombrables fleurs isolées qui pointent dans des directions différentes, elle semble peu homogène, pour ne pas dire confuse. Nous identifions clairement qu’une essence de désagrégation extrême a participé à sa conception. Les feuilles embrassant la tige et contenant les boutons floraux peuvent être considérées comme représentant des unités fixes à l’intérieur desquelles un principe de désagrégation, c’est-à‑dire les fleurs, est à l’œuvre. Cette énergie de désagrégation est également identifiable au niveau des racines imposantes. On peut évoquer la présence de nombreuses têtes dont les différentes parties s’enchevêtrent cependant encore et toujours.

La contemplation mentale de l’essence de cette plante laisse apparaître une certaine parenté avec les caractéristiques des bovins. Les bovins sont les animaux dont l’essence est certainement la plus orientée vers la digestion. La vache constitue le principe de la digestion faite animal. L’apparence des bovins ressemble plus ou moins à un bloc à l’intérieur duquel l’énergie de désagrégation de la digestion est à l’œuvre.

La gentiane peut pour ainsi dire être qualifiée de remède miracle de la désagrégation d’aliments à base de lait de vache particulièrement difficiles à digérer, comme les préparations chaudes contenant beaucoup de fromage telles la pizza, la raclette ou la fondue. La gentiane constitue sans aucun doute la plante médicinale la plus efficace pour favoriser la bonne digestion.

Essence

Le processus de digestion et l’assimilation des impressions affectives ont de nombreux points communs. Lors des deux processus, les substances et énergies absorbées, étrangères de par leur essence, doivent être surmontées, traitées, assimilées. Lorsque l’assimilation affective d’événements ou d’images est trop pénible, la plupart du temps, on a aussi affaire à une faiblesse digestive. Les sentiments ou même les aliments pèsent alors souvent sur l’estomac et il se forme ensuite une forte pression dans la région de l’estomac.

La gentiane possède la force essentielle de dompter et disséquer les éléments étrangers et favorise ainsi l’assimilation aussi bien physique que psychique. La gentiane aide notamment à la digestion des protéines.

Botanique

La gentiane jaune, Gentiana lutea L., est une plante vivace de la famille des Gentianaceae qui peut atteindre une hauteur de 140 cm. La gentiane jaune est une plante imposante qui peut vivre jusqu’à 60 ans dans son habitat naturel, les montagnes d’Europe centrale jusqu’en Europe de l’Est. La plante pousse dans le sol une racine lisse pouvant atteindre 1 m de long, à partir d’un rhizome volumineux et souvent polycéphale, aux rainures transversales renflées. L’épaisseur des parties souterraines de la gentiane est évidente lorsque l’on sait que le poids frais du rhizome et de la racine peut atteindre 7 kg pour une seule plante. En surface, seule une rosette basale de feuilles elliptiques se développe dans un premier temps. A partir de la quatrième année, parfois plus tard, une tige creuse et droite, de la taille d’un pouce, émerge de la rosette. Les feuilles de la gentiane, sessiles et de couleur bleu-vert, sont disposées en croix et ont une forme largement elliptique, bombée vers l’intérieur comme une cuillère. Elles sont à nervures parallèles, avec 5 à 7 nervures par feuille. Les fleurs jaunes de la plante se forment à l’aisselle des feuilles en forme de coupe à partir de juin environ et jusqu’en août. Ce sont de magnifiques étoiles jaunes, disposées sur 3 à 7 étages en faux verticilles sur la plante. On a compté jusqu’à 100 fleurs sur une tige. Les 5 ou 6, parfois jusqu’à 9, pétales des étoiles de fleurs ne sont soudés en un tube qu’à la base, sinon ils sont libres. Les étamines jaunes à rouge orangé qui apparaissent dans les fleurs sont remarquables. Lorsque la gentiane n’est pas en fleur, on la confond parfois avec le vératre blanc (Veratrum album), qui est très toxique. Mais contrairement aux feuilles de la gentiane jaune, les feuilles du germer sont alternes et non croisées sur la plante.

Utilisation

Depuis des siècles, la racine de la gentiane jaune, Gentiana lutea L., est considérée comme un remède amer pour l’estomac et la bile, ainsi qu’un tonique général. Les recommandations d’utilisation des auteurs de livres d’herboristerie traditionnels et les études scientifiques les plus récentes concordent de manière frappante en ce qui concerne la gentiane. La gentiane amère stimule la sécrétion de salive, d’estomac et de bile. Les troubles digestifs tels que le manque d’appétit, les ballonnements et les flatulences font donc partie de ses indications. Ce qui est moins connu, c’est que les possibilités d’utilisation des plantes médicinales contenant des substances amères vont au-delà des troubles digestifs. En stimulant l’appétit, la gentiane amère peut être utilisée comme fortifiant après une longue maladie ou en cas d’anorexie. La perception des substances amères par le système digestif implique également le système nerveux central et l’ensemble de l’organisme. Ainsi, les applications en cas d’humeur dépressive et pour le renforcement général peuvent être justifiées.

Ingrédients

Les racines de la gentiane jaune, Gentiana lutea L., contiennent d’abondantes quantités de substances amères qui confèrent à cette plante médicinale son odeur et son goût caractéristiques – sa valeur amère est comparable à celle de l’absinthe. Parmi ces substances amères, on trouve des glycosides secoiridoïdes comme le gentiopicroside et l’amarogentine. Les autres composants de cette drogue à racine sont des minéraux et des composés de sucre, dont le gentiobiose au goût amer.

Références

  • Hänsel, R. & Steinegger, E. Hänsel / Sticher Pharmacognosie Phytopharmazie. (Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft GmbH, Stuttgart, Allemagne, 2015).
  • BGA/BfArM (Commission E). Gentianae radix (racine de gentiane). Bundesanzeiger 223, (1985).
  • Madaus, G. MADAUS LEHRBUCH DER BIOLOGISCHEN HEILMITTEL BAND 1-11. (mediamed Verlag, Ravensburg, 1990).
  • Comité sur les produits médicinaux à base de plantes (HMPC). Rapport d’évaluation sur Gentiana Lutea L., Radix. EMA/HMPC/607863/2017 (2018).
  • BGA/BfArM (Commission D). Gentiana lutea (gentiane). Bundesanzeiger 217 a, (1985).
  • Saller, R., Melzer, J., Uehleke, B. & Rostock, M. Phytotherapeutische Bittermittel. Revue Suisse de Médecine Holistique 21, 200-205 (2009).
  • Kalbermatten, R. & Kalbermatten, H. Teintures mères végétales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2018).
  • Kalbermatten, R. Essence et signature des plantes médicinales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2016).

Images : Ceres Heilmittel AG, Kesswil