ALCHÉMILLE
Alchemilla vulgaris aggr.
Essence: enveloppe, protection, engendrement
Essence et signature
Signature
Laissez agir l’image de l’alchémille sur vous. Un long discours est-il nécessaire pour décrire la signature de cette plante ? Le plissement caractéristique de la feuille en forme de récipient plaide pour lui-même, c’est certainement lui qui a encore et toujours justifié le rôle de l’alchémille en tant qu’exemple convaincant de la théorie de la signature. Sous cet aspect, l’alchémille constitue une exception dans la mesure où les signatures de la plupart des plantes exigent une observation beaucoup plus différenciée. De même que le liquide sécrété par le bord cilié de ses feuilles et qui se rassemble en leur centre pour se transformer en une goutte argentée parle un langage univoque. L’alchémille doit son nom à la grande estime dans laquelle la tenaient les alchimistes autrefois. Les gouttes rassemblées au fond de leurs feuilles étaient alors récoltées et utilisées comme substance de départ à la fabrication de divers élixirs. Elle représente donc pour ainsi dire l’alchimiste parmi les végétaux. Quelques autres signes distinctifs expriment également l’essence de cette plante.
Le fruit est entouré par une feuille lisse et souple en forme de coupole sans pour autant lui être intégré, comme c’est le cas chez les autres genres et espèces de la famille des rosacées. Le fruit se développe donc sous protection comme s’il se trouvait à l’intérieur d’un utérus. La plupart des nombreuses espèces du genre des alchémilles sont apomictiques, c’est-à‑dire qu’elles développent des fruits sans fécondation. Elles ne fabriquent pas un pollen normal et les anthères n’éclatent pas, le pollen n’est pas libéré.
Le genre Alchemilla comprend de nombreuses espèces qui se différencient bien souvent par des signes distinctifs difficiles à identifier. La détermination exacte d’une espèce donnée est la plupart du temps relativement complexe (même pour des botanistes expérimentés), bien souvent même troublante. Elle n’est généralement possible que lorsque la plante a déjà formé ses fruits. À première vue, on serait tenté de croire que les espèces du genre alchémille ne sont pas clairement définies et sont soumises à une grande variabilité, c’est-à‑dire que leurs signes distinctifs se modifient encore et toujours un peu au fil des générations. C’est pourtant exactement le contraire qui se produit. Nous citons ici l’ouvrage technique Flora der Schweiz (Flore suisse) de Hess, Landolt et Hirzel, qui affirme : « Tous les spécialistes du genre alchémille décrivent la constance de petites différences entre espèces sur de vastes régions géographiques comme un exemple unique chez les plantes à fleurs. » Les végétaux du genre Alchemilla, bien que d’une multiplicité assez énigmatique, sont donc extraordinairement stables dans leur apparence, ils sont en harmonie avec eux-mêmes. Son essence protectrice de la vie s’exprime également par le fait que la plante contient des substances aux actions fortement anti-oxydatives.
Essence
Quelle autre plante pourrait incarner mieux que l’alchémille le type d’essence du corps féminin en train d’enfanter, de l’utérus? Dans la terre douillettement protégée par sa feuille veloutée ouverte vers le haut pour mieux accueillir, sous cette feuille qui enveloppe comme un manteau, «l’alchimiste» (alchémille!) parmi les plantes génère dans un geste rythmique une goutte de rosée argentée. L’alchémille est le symbole de la capacité à accepter les rythmes féminins et son existence en tant que femme. L’alchémille aide les femmes qui appuient trop leur identité sur leur faculté d’enfantement à prendre un certain recul ou celles qui ont des difficultés à intégrer cet aspect dans leur existence de femme. L’alchémille a des effets rafraîchissants, c’est-à-dire qu’elle compense les processus calorifiques physiques et psychiques excessifs. On lui connaît également la propriété de renforcer les tissus. Au niveau psychique, elle renforce le courage d’oser une véritable féminité: elle compense ainsi une affirmation trop forte ou trop faible de son existence en tant que femme.
Botanique
Alchemilla vulgaris aggr. est l’alchémille de la dame commune. La plante très vivace pousse jusqu’à environ 30 cm de haut. Au printemps, Alchemilla commence à former ses grandes feuilles caractéristiques, en forme de rein arrondi. Au début du développement, ceux-ci sont d’abord pliés comme un éventail, mais plus tard, ils se forment généralement en forme d’entonnoir. La surface de la feuille elle-même est divisée en quelques lobes trapézoïdaux triangulaires, le bord de la feuille est denté. Comme un collier de perles, des gouttes d’eau se trouvent souvent entre les dents sur les bords des feuilles. Cette eau est activement excrétée par la plante et peut s’accumuler comme une grosse perle au bas de la feuille, car sa surface est hydrofuge. La plante fleurit dans les mois de mai à septembre avec des fleurs nombreuses mais discrètes. Les fleurs elles-mêmes ne mesurent que 2 à 4 mm de long et 3 à 4 mm de large, elles sont de couleur jaune-vert. Il est donc difficile de croire que l’alchémille fait partie des rosiers qui nous ravissent généralement avec leurs compositions florales presque parfaites. Il y a aussi une autre particularité à signaler : au moment de déployer la fleur de l’alchémille, elle est déjà fécondée et porte l’embryon en son sein, de sorte que l’alchémille n’est pas dépendante de la pollinisation croisée.
Utilisation
L’alchémille est une plante médicinale importante dans la médecine féminine holistique. Il n’est donc pas étonnant que l’alchémille ait été très appréciée à l’époque des Germains et qu’elle ait été dédiée à Frigga, la déesse de la nature et de sa fertilité. Avec la christianisation croissante, les utilisations et significations traditionnelles de l’alchémille ont été transférées de Frigga à la Vierge Marie. Le prêtre herboriste suisse Johann Künzle écrit dans son livre : “Le Frauenmänteli renforce les muscles des femmes de manière tout à fait frappante…”. La littérature fait état d’un très large éventail d’utilisations de l’alchémille dans la médecine féminine. Parmi les indications typiques, on trouve la fluorine, les ménorragies, les inflammations et les douleurs abdominales, les règles irrégulières, les états de relâchement de l’abdomen, ainsi que la préparation et le suivi des accouchements. Du point de vue de la phytothérapie, la teneur élevée en tanin indique une action astringente, anti-inflammatoire et antioxydante. C’est pourquoi l’alchémille est souvent utilisée en phytothérapie pour traiter les maladies diarrhéiques. Selon la pharmacopée homéopathique, l’alchémille est également utilisée en cas de diarrhée et d’écoulement blanc.
Ingrédients
Parmi les composants caractéristiques du manteau des femmes, on trouve des tanins, principalement des ellagitannins, dont la principale substance est l’agrimoniine, ainsi que la laevigatine F et la pedunculagine. On y trouve également des glycosides flavonoïdes.
Références
- Hänsel, R. & Steinegger, E. Hänsel / Sticher Pharmacognosie Phytopharmazie. (Wissenschaftliche Verlagsgesellschaft GmbH, Stuttgart, Allemagne, 2015).
- BGA/BfArM (Commission E). Alchemillae herba ( herbe à manteau de femme ). Bundesanzeiger 173, (1986).
- Madaus, G. MADAUS LEHRBUCH DER BIOLOGISCHEN HEILMITTEL BAND 1-11. (mediamed Verlag, Ravensburg, 1990).
- BGA/BfArM (Commission D). Alchémille vulgaire (Alchemilla vulgaris). Bundesanzeiger 22a, (1988).
- Kalbermatten, R. & Kalbermatten, H. Teintures mères végétales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2014).
- Kalbermatten, R. Essence et signature des plantes médicinales. (AT Verlag, Aarau, Suisse, 2016).
Images : Ceres Heilmittel AG, Kesswil


